Les (mauvaises) surprises des Français | ||
Les (mauvaises) surprises des Français Il a fallu que le premier secrétaire du parti socialiste français (actuellement au pouvoir) Harlem Désir demande publiquement au Qatar de définir sa position à l’égard des extrémistes du Mali pour que le malaise entre ce petit émirat du Golfe et la France apparaisse au grand jour. Il n’y a pas si longtemps encore l’émir du Qatar était l’invité du président français Nicolas Sarkozy pour assister aux cérémonies de la fête nationale française le 14 juillet et les Français n’avaient pas assez de mots pour louer le dynamisme et l’ouverture de l’émirat, qui était en train d’investir à coups de milliards de dollars en France. L’émir est intervenu pour obtenir la libération des infirmières bulgares détenues par l’ancien dirigeant de Libye, le colonel Kadhafi, l’émir a acheté le plus bel hôtel sur les Champs Elysées (la plus grande avenue de Paris), l’émir a acheté le club de foot de Paris , le Paris Saint Germain (PSG), tout au long de ces dernières années, il n’y en avait que pour l’émir et son dévouement pour le «printemps arabe», avec l’aide médiatique fournie aux rebelles via la chaîne Al Jazeera et l’argent et les armes donnés à ces mêmes rebelles, de Libye, en Egypte et en Syrie. S’il y avait quelques rares protestations sur la main mise de l’émirat sur certains lieux culturels français et quelques grincements de dents sur la façon dont il a obtenu l’organisation de la coupe du monde de foot sur son territoire en 2022, ils étaient rapidement étouffés par la majorité de la classe politique et médiatique, soucieuse de ménager cet émir si généreux.
Mais voilà, il a fallu la guerre du Mali pour que cette belle histoire d’amour entre la France et l’émirat commence à se fissurer. La France a donc engagé des troupes aériennes et terrestres pour combattre les terroristes installés au Mali et financés et aidés par le Qatar. Le choc est dur pour les Français qui ont brusquement compris qu’il n’était plus possible de cacher le véritable visage de cet émirat qui aide les mouvements extrémistes dans le monde, tout en se donnant une vitrine moderne et occidentale via ses investissements en France. Les médias commencent à ouvrir les yeux, qu’ils gardaient jusque-là soigneusement baissés, et les langues commencent à se délier. Au point que les talks shows de la télévision française ainsi que de nombreux articles de presse commencent à critiquer ouvertement la classe politique pour ses complaisances à l’égard de cet émirat qui soudain ne partage plus les valeurs républicaines de la France. L’affaire pourrait être drôle si elle n’était en fait si dramatique et si l’aveuglement volontaire des dirigeants français n’avait coûté au monde arabe tant de morts sous couvert de lutte pour la démocratie et qui n’est en fait que l’ouverture d’un chemin direct vers le pouvoir aux «islamistes» les plus extrémistes. L’émir a eu beau «acheter» pour le club de foot parisien le PSG, l’ex-meilleur joueur du monde David Beckham dans une tentative de calmer les esprits et de jeter de la poudre aux yeux, les critiques ont continué à pleuvoir et l’opération de marketing n’a pas vraiment porté ses fruits. Les Français commencent à comprendre comment ils ont été piégés, consciemment ou non, par un émir ambitieux, qui a réussi pendant des années à jouer tous les tableaux mais qui a peut-être fait le coup de trop. Maintenant, c’est au tour de la presse israélienne de reprendre des déclarations de l’ex ministre des AE Tsipi Livni qui a accusé le Qatar d’avoir financé l’extrême droite israélienne et la presse française se souvient brusquement qu’au cours de son voyage à Gaza, l’émir du Qatar a versé près de 400 millions de dollars à la bande, en principe pour des projets de développements, mais qui, selon la presse française, «pourraient être utilisés pour acheter des armes qui vont tuer des enfants israéliens». Bien entendu, c’est tout ce qui compte pour les médias français, et si des militaires français n’étaient pas morts au Mali, à cause des armes achetées avec l’argent du Qatar, personne n’aurait sans doute remis en question l’alliance avec cet émirat. Mais quelles que soient les raisons de cette remise en question, elle ne peut qu’être saluée puisqu’aujourd’hui, dans tous les milieux en France on se demande si cette alliance et ce «printemps arabe» tant vantés ne sont en fait qu’un hiver démocratique, de la Libye, en passant par l’Egypte… et la Syrie. D’ailleurs un chroniqueur français a déclaré samedi sur une grande chaîne, ce n’est pas au Qatar de demander de préciser sa position, mais à la France elle-même qui n’a cessé de fermer les yeux lorsque cela l’arrangeait. Une phrase sans doute à méditer… | ||
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