L’art de la belle écriture | ||
L’art de la belle écriture S’exclame Molana Rûmi dans un sublime poète où il décrit l’amour dans le sens propre du terme. La calligraphie islamique est la manifestation par excellence de la parole divine, elle s’est dûment transformée en un art sacré. Puisant ses origines dans la péninsule arabique, la calligraphie a su trouver chez les artistes iraniens cette quintessence nécessaire à sa floraison, cette fructueuse réflexion apodictique à son épanouissement. Métamorphosée au fil des siècles, elle s’est purifiée et hautement raffinée pour tenir caché sous son dessin savant le secret de l’univers, mêlant esprit artistique et profondeur mystique. Lié au respect de la parole sacrée du Coran, l’art de calligraphie s’impose aussi pour l’importance de l’art du livre dans la culture persane, voire islamique, où la tradition culturelle associe la figure du prince lettré, du calligraphe et parfois aussi du poète. Etymologiquement parlant, le terme calligraphe est composé du grec graphin (écriture) et kallos (beau). L’art de la « belle écriture » élégante et appliquée pour les uns, exercice spirituel pour les autres, latine ou orientale, la calligraphie est le fruit d’un dur apprentissage pour maîtriser styles et ductus. Sur la base de règles très strictes, elle offre au calligraphe le moyen d’exprimer sa sensibilité. Energie et concentration sont trouvées dans le souffle et une bonne tenue générale du corps ; des rythmes convenus ou inspirés animent les doigtes et articulation du poignet. Dans la calligraphie islamique, direction des lignes, épaisseur des traits : pleins et déliés, longueur des étirements, emplacement des points contribuent ensemble à l’équilibre général d’une œuvre. Inséparable de la poésie, la calligraphie est d’une importance essentielle dans la culture persane. Souvent sertie dans de somptueux encadrements enluminés, elle est un art vivant où la beauté formelle est sans cesse traversée par l’émotion. Forme et fond s’y épousent cristallisant la magie d’une esthétique à la fois intense et sublime, et éternisant dans le petit fragment d’univers de la page, le désire audacieux de l’homme d’un instant de perfection. Tout système d’écriture repose sur une convention partagée par un groupe auquel il permet de communiquer, en garantissant à chaque signe graphique une valeur sémantique et/ou phonétique. Au cours de leur histoire, les écritures révèlent une oscillation permanente entre foisonnement graphique et recherche de standardisation. S’ils ont cultivés de différents styles de la calligraphie arabe, les calligraphes persans ont aussi inventé des écritures originales : le ta’liq, qui est une écriture de chancellerie, mais surtout nasta’liq, qui s’est rapidement imposer pour copier la plupart des textes persans en poésie ou en prose. L’écriture, surtout la calligraphie occupe une place notoire dans les religions divines. « La parole était au commencement » rappelle l’Evangile tandis que dans le saint Coran, Dieu dit à son Prophète Mohammad, dans les versets 3, 4 et 5 de la sourate 96 : « Lis ! Car ton Seigneur, le très noble, C’est Lui qui a enseigné par la plume Il a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas. » Nombreux sont les facteurs qui s’avèrent nécessaires à la création artistique, pour mieux dire, la cristallisation de la calligraphie authentique. La conception de la société de l’écriture, l’importance du texte, des règles bien définies et pour la plupart basées sur les mathématiques, la relation entre lignes et apports… sont autant de facteurs prépondérants dans la genèse de l’art de la « belle écriture ». La calligraphie est en harmonie avec l’écriture, les outils, le texte et le patrimoine culturel de toute société. | ||
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