Le mouvement «Occupy Wall Street », racines et conséquences | ||
Le mouvement «Occupy Wall Street », racines et conséquences Le Dr Mohammad Kazem Sajad analyse les similitudes et les différences entre le mouvement «Occupy Wall Street » et les autres mouvements. A l’appel de la revue « Adbusters », les protestataires, opposés aux banques et les méthodes économiques appliquées, étaient invités à se rassembler au Zuccotti Park près de Manhattan à New York. Le mouvement qui a débuté en cet endroit s’est étendu ensuite à de nombreuses villes des États-Unis. Mais voyons les points de vue de ce mouvement composé de protestataires qui se considèrent représenter les 99% de la population américaine. Points de vue Le mouvement a débuté selon trois points de vue. Le premier est le sentiment de joie, en ce sens que les forces et courants d’opposition américains, aux prises avec de nombreux problèmes domestiques, se sentent imprégnés de joie, une réaction aux politiques américaines. Cette joie pourrait être exprimée de façon exagérée mais elle existe vraiment. Le second point de vue est une réaction opportuniste à l’intérieur des États-Unis. Les deux fractions démocrate et républicaine s’efforcent d’exploiter ce courant. Par le biais des couches faibles du mouvement, les démocrates ont cherché à le kidnapper. Les républicains aussi ont voulu faire de même. Mais leurs efforts ont été voués à l’échec, car il semble que les groupes participant au mouvement « Occupy Wall Street » arrivent à identifier parfaitement les intentions des politiciens d’exploiter le mouvement. Ils ont réussi jusqu’à présent à préserver leur indépendance face aux politiciens. Mais la troisième réaction exigeait la restitution de leurs droits. Les protestataires estiment que leurs droits de citoyens ont été violés et ce mouvement s’efforcerait de les leur restituer. En réalité ce serait une révolte contre les dictatures financières. Les instances financières et bancaires sont en effet, sans aucun précédent, devenues tellement puissantes depuis le mandat Reagan. Le mouvement décrie la gestion des banques. Mais le mouvement n’est pas uniquement celui de la confrontation avec la gestion des banques. Il suit les mouvements sociaux américains et n’est pas sans ressembler aux mouvements sociaux de l’histoire des États-Unis. Depuis sa création ce pays a connu en tant qu’unité politique des dizaines de mouvements sociaux. Le premier a été la lutte pour l’abolition de l’esclavage il y a 150 ans, entrainant la guerre de sécession qui a fait 600 mille morts et qui a abouti finalement à l’abolition de l’esclavage. Le mouvement des travailleurs américains est devenu le premier mai, journée mondiale des travailleurs. Le mouvement civil pour le droit des Noirs leur a finalement permis d’obtenir des droits légaux et des personnalités telles que Martin Luther King y ont pris part. On peut encore citer les protestations contre la guerre au Vietnam, celle des années 80, devenant la révolte de l’Ouest américain contre les organismes du gouvernement de l’Est du pays. Ce mouvement s’est poursuivi par celui des néo conservateurs dans les années 90. D’autres mouvements sont aussi apparus sans pour autant atteindre de l’ampleur, tels que les mouvements pour l’abolition de la peine de mort, celui pour le droit à l’avortement et les droits des homosexuels. Il ne faut pas oublier non plus le mouvement Tea party, en réaction à l’élection d’Obama, en tant que noir à la présidence des États-Unis. On peut donc déduire de tous ces mouvements qu’ils soient de droite ou de gauche, qu’ils n’ont rien de nouveau aux États-Unis et l’histoire de ce pays en a connu un grand nombre. Or les États-Unis ont toujours réussi à préserver leurs structures et leur organisation politique devant ces coups de boutoir et les digérer. Les différences La différence du mouvement « Occupy Wall Street » avec les précédents mouvements est son côté disparate. Toutes sortes de contestataires y participent. Certains sont des protestataires économiques, d’autres rejettent la politique de leur pays. Mais tous se sont réunis sous le slogan « Nous sommes les 99% ». La seconde différence de ce mouvement avec ceux du passé est de ne pas avoir de leader, d’être virtuel et d’être issue du phénomène de la mondialisation. Dans ce droit fil, certains estiment qu’il a subi l’influence du printemps arabe. Cette caractéristique virtuelle est due à l’exploitation de l’espace virtuel, l’absence d’organisation et de cohésion. Les personnalités influentes du mouvement ont voulu ces dernières semaines, organiser une sorte d’assemblée générale du mouvement, en d’autres termes se mettre en relation avec les autres mouvements sans leader. La troisième de ces différences et peut-être la plus importante, c’est que malgré le consensus des protestataires et l’absence de chef, il est dirigé contre les banques. Les banques dominent la vie économique et sociale des Américains. En réalité les Américains sont le peuple le plus endetté du monde envers les banques. Quand les étudiants terminent leurs études, ils doivent rembourser jusqu’à la fin de leur vie l’argent que les banques leur ont prêté pour faire leurs études. Les banques encaissent des sommes faramineuses en tant qu’intérêts et toute la population dépend de ses cartes de crédit pour ses achats. Les directeurs des banques profitent au maximum de cette manne, creusant ainsi un fossé entre les classes. Le mouvement « Occupy Wall Street » est donc un mouvement anti banque et anti institutions financières. Conclusion Ce mouvement pourrait aboutir et avoir de l’influence sur le système juridique et économique de l’Amérique, en particulier sur les banques. Les slogans et les messages du mouvement sont tels que même s’il est réprimé ils ne pourront être ignorés à l’intérieur du système américain. Bien qu’il soit dans la continuation des précédents mouvements aux États-Unis, il contient néanmoins un nouvel agenda et des conséquences pour l’ordre et les structures politiques, économiques et sociales de l’Amérique. | ||
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