La place de l’Iran et de l’Amérique dans les évolutions du Moyen-Orient

Par: Alireza Pouria

A fin de bien comprendre les évolutions survenant dans les pays du Moyen-Orient, il faut savoir  que certains les taxent de révolution, d’autres de mouvements, certains de rébellions et enfin certains les croient des guerres civiles. Mais Les États-Unis  basent leur politique sur le concept des États-Nations. Les analystes  estiment que les évènements du Moyen Orient  ne sont ni des mouvements ni des révolutions, car dans une révolution le régime en place doit tomber. Par exemple en Tunisie et en Égypte le régime n’a pas été renversé. Mais nous savons ce que ces mouvements  revendiquent. Dans l’ensemble, ils sont mécontents de la situation de leurs pays, mécontentement dû en grande partie à une situation économique dégradée. Par ailleurs les peuples se sentent humiliés, tant par leur propre gouvernement que  par d’autres pays qui humilient leurs gouvernements.

Les théories

Mais concernant la raison pour laquelle ces évènements ont lieu, il existe plusieurs théories. La première, celle de Dissonance  cognitive,  de Geschwender,  qui prétend : lorsque les gens connaissent  une question qui a un précédent dans le passé  ou dans leur esprit, une certaine dissonance y survient. Les dissonances doivent être harmonieuses  et compatibles sinon  un sentiment de frustration surviendra. En particulier dans les pays du tiers–monde cette frustration prendra un aspect politique.

Autre théorie, celle  de Robert Gurr et de James Davis,  considère que la dépossession est relative, par exemple comme au Bengladesh qui est bien plus  pauvre économiquement que l’Égypte mais où aucune révolution ne survient. Chaque individu compare  ses revendications à sa situation et à la réalité. Lorsque la réalité devient trop éloignée de ses exigences, il se sent frustré, frustration qui tourne en agression et quand celle-ci devient collective, elle se retourne contre le gouvernement et devient  une agression politique.

Samuel Huntington a formulé  pour sa part la théorie que l’on peut remplacer les révolutions par des évolutions, C’est-à-dire établir un ordre politique dans les sociétés en révolution. Il semble que la discipline et l’ordre politique soient très importants dans ces sociétés  d’ici un an. Si les institutions ne sont pas capables de répondre aux revendications,  ces sociétés deviendront instables.

Les alternatives

Quant aux alternatives, il faut  faire allusion aux gouvernements en faillite. Lorsque ces derniers  iront vers l’éclatement et qu’ils ne pourront plus contenir et contrôler la situation, la lune de miel sera bientôt finie  et les revendications déborderont.

L’autre alternative,  c’est l’apparition d’un dictateur et la troisième c’est un gouvernement démocratique. Or il ne faut pas  s’attendre tellement à l’avènement d’un gouvernement démocratique car pour cela  il est besoin d’Histoire, de passé, de culture et des institutions. Une société non organisée n’est pas prête à établir un gouvernement démocratique. La démocratie ne dépend pas  des élections et du remplacement de plusieurs responsables. La démocratie a besoin d’un équilibre des forces.

La dernière alternative est un amalgame de tout cela. C’est à dire que des bouleversements et chaos surviennent et qu’une société civile apparaisse.

Iran et Amérique

L’Iran et l’Amérique observent la situation en cours dans ces pays et agissent selon les circonstances. Quand on parle de prise de conscience islamique dans  ces pays, en Iran  on n’ignore pas que les peuples de ces pays  cherchent la liberté, la démocratie et  l’amélioration de leur situation économique. Quand les Américains parlent des exigences démocratiques dans ces pays, ils ne sont pas    naïfs pour ne pas comprendre que les gens veulent une démocratie dans un cadre indigène et que les exigences islamiques y sont aussi très fortes. Aussi Téhéran et Washington ne  voient-ils  pas la présente situation sous un aspect tellement différent.

 Mais malgré  leur vision assez proche des problèmes, comment l’Iran et l’Amérique  agiront-ils? Tous les deux  agissent sur la base d’État-Nation, mais par des méthodes  différentes.

Encadrement

Le problème c’est comment l’Iran et l’Amérique encadreront ce problème. Les  Américains placent les mouvements en cours dans la région dans le cadre d’un mouvement  désirant la liberté et la démocratie citoyenne et estiment que ce sont là les revendications de ces évolutions qui ne cherchent aucune idéologie particulière, notamment islamiste. Mais les gens ont pris conscience maintenant et  veulent l’Islam, exigeant un gouvernement islamique dans leur pays.

Dans cet encadrement, les Américains se sont efforcés de se comporter de manière à pouvoir montrer de la souplesse en cas de besoin, et ajuster leurs positions.