Géopolitique pour un renouveau de la géopolitique islamique | ||
Géopolitique pour un renouveau de la géopolitique islamique 4- قُتِلَأَصْحَابُالْأُخْدُودِ 5 - النَّارِذَاتِالْوَقُودِ 6 - إِذْهُمْعَلَیْهَاقُعُودٌ 7 - وَهُمْعَلَىمَایَفْعَلُونَبِالْمُؤْمِنِینَشُهُودٌ 8 - وَمَانَقَمُوامِنْهُمْإِلَّاأَنیُؤْمِنُوابِاللَّهِالْعَزِیزِالْحَمِیدِ 9 - الَّذِیلَهُمُلْکُالسَّمَاوَاتِوَالْأَرْضِوَاللَّهُعَلَىکُلِّشَیْءٍشَهِیدٌ 4- Périssent les gens de l’Uhdud, 5 - par le feu plein de combustible, 6 - cependant qu’ils étaient assis tout autour, 7 - ils étaient ainsi témoins de ce qu’ils faisaient aux croyants, 8 - à qui ils ne leur reprochaient que d’avoir cru en Allah, le Puissant, le Digne de louange, 9 - Auquel appartient la royauté des cieux et de la terre. Allah est témoin de toute chose. Sourate al-buruj, versets 4-9 La géopolitique est le concept qui lie géographie, culture et politique. De cette imbrication de l’espace (géographie), du temps (histoire et culture) et du temps à venir (politique) naît ce concept, fort adapté à la nature de l’idéologie islamique, qui donne du monde une vision complète et pénétrante. Pourtant, l’absence de réflexion géopolitique dans le monde musulman est frappant. Certes, chaque pays dit "musulman" recense quelque administration maigrement financée, dépendante du pouvoir politique, qui fournit bon an mal an quelques informations de nature géopolitique sur un problème particulier. A chaque fois, cette réflexion se distingue par un biais nationaliste, ethnique, religieux ou politique plus ou moins appuyé, ce qui en réduit d’autant la portée intellectuelle. Malgré l’existence d’intellectuels de qualité, capables d’appréhender les problèmes mondiaux de manière significative, remarquable est l’absence d’un paradigme géopolitique islamique. A cela multiples raisons: c’est d’abord un thème tabou, car qui parle de géopolitique islamique, remout chez nombre d’interlocuteurs des sentiments d’un degré variablement primitif. Ensuite, c’est un thème difficile, qui requiert chez l’auteur, non seulement des capacités intellectuelles minimales, mais également une sincerité qui fait souvent défaut. Enfin, c’est un thème qui ne rémunère que ses détracteurs. Le résultat est que l’on laisse s’exprimer les ennemis de ce concept, ce qui l’affaiblit d’autant.
Or, cet état des choses est non seulement inacceptable en soi, car il marque une paresse intellectuelle et une couardise inavouée, mais de surcroît, la place est laissée vide pour que viennent la remplir détracteurs, extrémistes ou opportunistes en tout genre. Bien entendu, il serait faux de dire qu’il n’y aucune réflexion géopolitique de la part des musulmans. Mais elle n’est pas systèmatique et demeure destinée prioritairement à une diplomatie étatique et dénuée d’une véritable intelligence géopolitique de long terme. Il est question de soutien aux intérêts nationaux, de préservation de la culture du pays concerné…en d’autres termes, c’est une réflexion réactionnaire. Rares sont les propositions positives, les perspectives… en un mot, il n’y a pas de volonté de puissance géopolitique. Toute vélléité de leadership est autocontrôlé, soit que l’auteur craigne les conséquences matérielles que ses propos pourraient enclencher pour lui, soit qu’il n’ait pas foi en l’idée même de la géopolitique islamique. Que l’on regarde la liste des think tanks mondiaux, ils sont quasiment tous occidentaux et quand ils ne le sont pas, ils en imitent la littérature, quand ils ne la copient pas. Rédiger un article, un rapport ou une étude géopolitique exige de poser un paradigme, nécessaire pour tout positionnement, ne serait-ce que reconnaître des frontières politiques. Par exemple, parler de monde musulman requiert chez l’auteur la reconnaissance d’une réalité civilisationnelle qui s’appelle "monde musulman", quel que soit par ailleurs la puissance explicative qu’il lui accorde. Or, nous vivons un monde orwellien qui refuse de voir les réalités, tel l’enfant qui refuse d’aller dormir prétextant qu’il n’est pas fatigué, bien qu’il le soit effectivement. Les médias et de plus en plus, le monde universitaire, ne reconnaissent que ce qu’ils connaîssent déjà: ils ne font que re-connaître. Il nous faut admettre une autre vérité, que "l’homme est l’ennemi de ce qu’il ne connaît pas" (Imam Ali, paix sur lui). Nous avons laissé Ben Laden et ses associés remplir la scène géopolitique islamique. Al-Qaïda est le seul groupe à évoquer l’idée d’une géopolitique islamique, si primaire et simpliste soit-elle. Les organisations politiques islamistes crédibles ne mentionnent, à juste titre, que les enjeux sur lesquels elles consacrent leurs efforts. Il serait parfaitement déplacé d’exiger d’une organisation politique l’analyse d’une situation sur laquelle elle n’a aucunement prise, car cette analyse, incluant des propositions de réforme, serait dans un premier temps interprétée comme un programme politique, et secondement, n’étant pas exécutoire car hors de portée de ladite organisation, elle ne serait suivie d’aucun effet, diminuant d’autant le crédit politique de l’organisation auteur de l’analyse. C’est pourquoi le modèle du think tank, "laboratoire d'idée", est adaptable et utilisable pour la réflexion géopolitique islamique. Reste que le think tank occidental est généralement financé par le big business. Il est certainement dommage de voir la frontière entre université et big business s’amenuiser, jusqu’à se poser la question de l’indépendance des analyses produites. En Islam cependant, il existe une notion, présente d’ailleurs dans toute religion, les legs pieux (waqf) et le trésor public (bayt al-mal) qui pourrait garantir une relative indépendance au système. Détaché des enjeux étatiques, le milieu religieux (mosquées, séminaires, charités) l’est aussi de la finance: il est certes étroitement associé à la religion, mais c’est précisément ce qu’on lui demande. La réflexion géopolitique doit devenir une discipline religieuse, au même titre que la réflexion jurisprudentielle. Son importance n’est pas moindre, il fait sans doute partie des devoirs de suffisance, qui ne s’éteignent pour tout musulman qu’à partir du moment où le besoin en disparaît. Quel besoin avons-nous d'une réflexion géopolitique islamique? Si l’on accepte l’idée de monde musulman, cette nécessité s’impose d’elle-même, ne serait-ce que pour contredire ses opposants. Si on la réfute, on est obligé de l’évoquer pour mieux défier ses parangons. Il faut enfin admettre que les musulmans sont aujourd’hui entraîné dans un agenda qui n’est pas le leur, par intermédiaires interposés, et c’est précisément le genre de posture stratégique qu’il faut éviter. L’une des règles stratégiques premières que l’on apprend à l’école de la guerre, consiste à déplacer la bataille sur le territoire adverse. Avec Al-Qaïda, les renseignements américains mènent la bataille sur le territoire des musulmans. Observons d’un peu plus près le discours benladeniste. Ne s’y trouve aucune stratégie, aucune tactique susceptible d’inquiéter l’empire américain. Au contraire, on constate que la nature et le calendrier de l’agenda benladeniste est en tout conforme aux intérêts américains. Al-Qaïda est le prétexte rêvé des américains pour avancer leurs pions. Ils en avaient non seulement rêvé, ils l’ont fait. Grâce à des réseaux de détournement d’argent, issu du contrat Yamama-BAE, avec l’aide du MI6, de la CIA, du prince Bandar et au trafic afghan de la drogue, le réseau Al-Qaïda a pu étendre son influence, qui reste cependant essentiellement médiatique. Car al-Qaïda est le seul ennemi "supposé" des Etats-Unis qui bénéficie d’une couverture médiatique aussi étendue parmi les médias officiels de ce pays. Quel est l’agenda politique d’al-Qaïda? Libérer la Palestine? Expulser les américains d’Irak ou d’Arabie saoudite? Eduquer les masses musulmanes? Développer l’économie et la science des pays musulmans? Non. Pour les terroristes d’Al-Qaïda, il faut terroriser les populations, générer la guerre civile entre chiites et sunnites, détruire les lieux saints de l’Islam et finalement justifier tout ce qui empêche le développement des pays musumans (dictatures, occupation étrangère…).
La réflexion géopolitique islamique, si elle existait, permettrait probablement d’encadrer la stratégie des mouvements islamiques, leur évitant de tomber dans un "nihilisme stratégique" d’autant plus dangereux qu’ils sont inconscients d’être manipulés par plus intelligents qu’eux. La géographie islamique possède des atouts décisifs comme les détroits (Ormuz, Aden Bab al-Mandab, Malaga, Gibraltar), les richesses naturelles ou la croissance démographique, la jeunesse et la diversité de sa population. A n’en pas douter, l’émergence d’une telle conscience géopolitique parmi les musulmans, susciterait une coopération internationale capable de pallier les carences actuelles, comme il ajouterait à l’efficacité de l’action entreprise pour réaliser les objectifs de la civilisation islamique, c’est-à-dire concrétiser la révélation coranique selon laquelle la communauté musulmane est la meilleure des communautés humaines. Devenir une communauté véritablement humaine ne sera possible qu’à ce prix. Sources: Oic-oci.org | ||
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